De « l’incertitude » et de « l’incompréhension », voire de la « peur », engendrant une lassitude générale : c’est ainsi que les Françaises et les Français définissent leur état d’esprit général dans le Baromètre des émotions de la Fondation Jean Jaurès. La persistance de la menace pandémique brouille la vision de l’avenir, la vie sociale percutée par le virus est synonyme « d’ennui » et de « tristesse » ; quant à la vie citoyenne, sensée être revigorée par l’approche des élections, elle est entachée par la méfiance à l’égard de la chose politique, entre rejet et « indifférence ».
Dans ce tableau peu réjouissant, subsiste néanmoins « l’espoir » de lendemains meilleurs – et en filigrane de la fin du Covid – et une certaine dose de « motivation » pour y parvenir, puisée dans le bonheur individuel.
Les émotions des Français ne sont pas, somme toute, si éloignées de celles des acteurs de santé. Bien sûr, il y a de la lassitude devant ces vagues répétées ; du découragement voire de l’exaspération, quand des personnes non-vaccinées mettent leur vie en danger et fragilisent par leur comportement les capacités de soin. Mais nous sommes portés par le devoir d’agir, partout et pour tous. Telle est la réalité, en cette nouvelle année, de l’engagement des hôpitaux et cliniques privés à missions, et du travail que nous faisons « ensemble » avec l’hôpital public. « Ensemble », tel est le mot emblématique des vœux de la FHP en ce début 2022, pour contribuer à remédier aux fractures du pays sous la bannière d’un service public de santé totalement inclusif. Cette idée apparait d’ailleurs dans le rapport de la mission parlementaire sur les GHT publié en décembre dernier : chacun, public et privé, doit être partie prenante de l’offre de soins sur les territoires, au sein d’un espace structuré pour organiser la coopération territoriale.
Dans ce même Baromètre, les sujets prioritaires de la campagne électorale pour les citoyens sont clairement identifiés, par ordre d’apparition : santé, pouvoir d’achat, sécurité. La santé suscite trois types d’émotions dominantes : la « colère » d’abord, face sans doute à la perception d’un système de santé dégradé ; mais aussi, et c’est à noter, la « confiance » et « l’espoir », à mettre en relation avec l’attachement très fort des Français aux acteurs de santé, et une foi dans le progrès médical qui relativise certains obscurantismes.
C’est donc de cette note d’espérance que je souhaite teinter les vœux que je vous adresse : vœux d’un travail « ensemble » toujours plus fructueux ; vœux de relations de confiance et d’écoute mutuelles avec la puissance publique, dont le récent dégel de la réserve prudentielle témoigne ; vœux de propositions politiques qui sachent porter un chemin d’espoir et d’optimisme pour les Français ; vœux, enfin et surtout, assortis de remerciements multiples à toutes celles et ceux qui soignent.
* Baromètre France-Emotions, décembre 2021, Fondation Jean Jaurès/Viavoice/Le Point