C’est un peu passé inaperçu, mais jeudi dernier le Gouvernement a lancé officiellement un nouveau service public, « Mon espace santé », destiné à contenir les informations médicales de chaque assuré. Depuis 2004 et le « dossier médical personnel », ce sujet avait connu bien des déboires et n’était pas parvenu à trouver son public.
Cette fois sera-t-elle la bonne ? La conjonction d’une vraie concertation en amont, d’un site plus intuitif et accessible, et d’une meilleure maîtrise du numérique en santé par les citoyens - la crise sanitaire est passée par là ! - pourrait enfin permettre de faire cette « révolution » longtemps attendue.
La principale condition de la réussite tient à une réelle appropriation de l’outil, par les citoyens comme par les professionnels. De même que Doctolib ou TousAntiCovid, avoir recours et alimenter ce carnet de santé numérique doit devenir un réflexe. Un accompagnement est prévu pour les personnes les plus éloignées du numérique : c’est évidemment indispensable.
On ne peut se permettre un nouvel échec. Les nombreux enjeux portés par ce dossier médical rénové s’inscrivent au cœur des défis qui se posent aujourd’hui à notre système de santé : continuité des soins, fluidité du parcours du patient, limitation de la redondance des actes, pertinence… Les développements du site devront aussi permettre d’en faire un véritable outil au service de la prévention.
A ce titre, un catalogue d’applications et de services santé sera proposé aux usagers, tous dûment vérifiés et référencés par les pouvoirs publics. Dans un univers numérique saturé par les fake news et les approximations médicales potentiellement dangereuses, cette garantie de fiabilité est un gage de rassurance, qui est loin d’être superflue. Autre facteur déterminant pour la confiance : l’assurance de la confidentialité des données, qui nécessitera information et pédagogie.
Les voies du succès de « Mon espace santé » sont emblématiques de ce dont notre système de santé a besoin : une communauté d’intérêt des patients et des professionnels ; le besoin d’être rassuré et d’avoir confiance ; et bien sûr, la positionnement sur les grands enjeux du parcours et de la prévention.
Lamine Gharbi, Président de la FHP.