Cette campagne électorale est-elle vraiment la campagne « Tefal », celle où aucune idée n’accroche, critiquée par les commentateurs ? En tout cas, le grand oral de la Présidentielle organisé lundi par le MEDEF a permis de nuancer ce constat : les six candidats auditionnés - trois femmes, trois hommes - avaient visiblement travaillé leur sujet et ont présenté tour à tour leur modèle économique et leur vision de l’entrepreneuriat. De nombreux thèmes concernent évidemment les hôpitaux et cliniques privés à missions que nous sommes.

Premier constat intéressant, « l’entreprise-bashing » est ringard. Certes, certains candidats ont lissé leurs propos devant l’auditoire, mais la défiance a priori n’est plus de mise. L’éloge d’un univers entrepreneurial créateur de valeur, et d’une France avec « de l’or sous les doigts », est appuyé, même si les solutions pour le soutenir divergent. Il y a plutôt lieu de s’en réjouir, car cette création de valeur des acteurs privés, établissements, industriels, start-ups… se vérifie pleinement dans la santé.

Deuxième enseignement : le quasi plébiscite en faveur la reconquête de pans de souveraineté industrielle à l’échelle de l’Europe, et l’incitation à réorienter la commande locale et publique vers une « préférence » européenne, plus susceptible d’être à forte valeur ajoutée environnementale.

Troisième grand message, la nécessité d’être au rendez-vous de cette double transition écologique et numérique qui nous attend et nous challenge. Là aussi, les voies pour y parvenir sont différentes, mais le défi climatique et énergétique et l’évolution vers une économie décarbonée sont au cœur des programmes, avec une mesure qui fait l’unanimité : l’instauration d’une taxe carbone aux frontières de l’Europe.

Mais je mets deux bémols à ce satisfecit : d’abord, les enjeux d’« économie de la connaissance », et particulièrement de formation, n’ont pas fait l’objet de propositions vraiment nourries. Certes, les mots alternance, apprentissage, éducation, compétences, ont été prononcés, mais on attend davantage de volontarisme sur ce sujet capital pour l’avenir. Ensuite, et surtout, la latéralisation du champ de la santé dans le débat, après deux années d’une crise sanitaire majeure, ne laisse pas de surprendre, alors que les acteurs de santé sont pourtant au cœur des défis évoqués.

Le 16 mars prochain, dans le contexte de la Présidence française de l’Union Européenne, l’Union Européenne des Hôpitaux Privés (UEHP) et la FHP organiseront un événement commun, intitulé « Europe et Santé, le pari de l’attractivité », qui permettra précisément de traiter de tous ces enjeux. Je vous en reparlerai bientôt, mais déjà, soyez nombreuses et nombreux à vous y inscrire pour venir, à nos côtés, porter l’Europe de la santé !

Lamine Gharbi

Président de la FHP