Nous voici donc dans l’entre-deux tours de la présidentielle. A aucune moment ces dernières semaines, la Fédération de l’Hospitalisation Privée n’a été saisie de désenchantement, voire pire, de ressentiment démocratique ! Au contraire, nous avons vu cette période comme une opportunité pour porter des idées novatrices et dialoguer avec des interlocuteurs de diverses sensibilités. Nous mesurons aussi combien le sujet est important pour les Français. Dans un sondage Odoxa-Le Figaro d’avant le premier tour, ils étaient 64% à estimer que les propositions santé des candidats pouvaient avoir un impact sur leur choix. Être contributeur de ce grand débat est donc un devoir, guidé par quelques convictions.
Notre première conviction est l’héritage direct de la crise sanitaire : la coopération et l’intelligence collective produisent des effets au-delà des espérances. Si 75% des Français ont une bonne image de leur système de santé * (72% estimant même que nous avons « le meilleur système de santé d’Europe » *), la gestion de la pandémie par les acteurs de santé de tous statuts n’y est pas étrangère. Dans ce domaine comme d’autres, les dogmatismes et les cloisonnements doivent céder le pas, et la concorde au bénéfice des patients doit prévaloir, sous l’égide d’une puissance publique qui réunit, qui écoute et qui concerte.
Notre deuxième conviction est que les inégalités de santé ne sont pas une fatalité, mais que nous ne pourrons les vaincre qu’au sein d’une organisation territoriale qui rassemble tous les acteurs dans la réponse aux besoins. En matière d’accès aux soins, toute politique qui discriminerait, qui opposerait les citoyens voire désignerait des boucs-émissaires, serait vouée à l’échec. Oui, les Français sont inquiets : 59% pensent que dans l’avenir notre système de santé sera moins bon qu’il ne l’est actuellement*. C’est précisément pour cela que notre pays n’a pas besoin d’anathème, mais d’apaisement et de rassurance pour répondre à ces peurs.
Notre troisième conviction est que la santé est un sujet transversal qui devrait irriguer l’ensemble des politiques publiques, en déclinaison de ce fameux principe « One Health » qui a réémergé avec le Covid mais qui reste largement une vue de l’esprit. La pandémie a aussi montré la pertinence d’une action à l’échelle de l’Europe, pour retrouver des pans de souveraineté sanitaire ou pour mener des actions concertées. Nous ne croyons pas aux replis. Nous croyons à une Europe de la santé renforcée, dans un monde où les défis sanitaires, climatiques, et géopolitiques, sont étroitement imbriqués.
Le tout a pour dénominateur commun la confiance : la confiance envers les capacités « de faire » des acteurs de terrain ; la confiance envers la puissance publique au lieu de céder aux sirènes du populisme ; la confiance dans la science et la recherche, que trop de voix conspirationnistes ont tenté de discréditer… Nous pourrions multiplier les exemples. Les défis à relever sont trop colossaux pour, demain, s’embarquer dans des voies qui ne seraient pas fondées sur l’unité, sur l’ouverture, sur la tolérance et sur la raison.
* Baromètre santé 360° Odoxa-Le Figaro – avril 2022