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Un rapport qui fait œuvre utile

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EDITO Lamine Gharbi 20.04.2022
Puisque l’heure est aux débats - et même au grand débat ! - toutes les contributions intéressantes susceptibles de les alimenter sont bienvenues. Il y a quelques jours, un rapport de la Commission d’enquête du Sénat est venu apporter un éclairage pertinent et très documenté sur la situation de l’hôpital et l’avenir du système de santé. Dans la perspective imminente du quinquennat à venir, plusieurs lignes directrices de ce rapport rédigé par les sénateurs Catherine Deroche et Bernard Jomier font œuvre utile.

D’abord, parce que ce rapport est un plaidoyer pour la liberté. Notre système de santé est trop complexe et bureaucratisé, soumis à « une inflation de normes et d’instructions » : de la simplification des dossiers d’autorisations à l’élaboration d’indicateurs plus lisibles en passant par des données mieux gérées ou encore par « le repositionnement des ARS sur un rôle de régulation et d’accompagnement des établissements », c’est toute une culture de la confiance et de la transparence qui doit se développer, au bénéfice des patients.

Ensuite, parce que les rapporteurs évoquent une priorité majeure, consistant à remédier d’urgence aux pénuries de professionnels de santé, et expriment dans un long développement leurs inquiétudes sur la dégradation de la qualité de vie au travail. Il faut agir vite, d’abord en disposant de données fiables « permettant d’objectiver la situation », ensuite en menant une stratégie d’ampleur en faveur de la formation et des passerelles entre les métiers.

Le rapport n’omet pas le volet financier, en rappelant qu’entre 2013 et 2018 les établissements de santé ont subi des baisses de tarifs difficilement justifiables. Il appelle à « rénover l’Ondam et à construire celui-ci sur la base de besoins de santé documentés, pour l’adapter à une politique de santé de long terme ».

Concernant l’organisation sur les territoires, le message est limpide : les acteurs de santé doivent « mieux se coordonner pour prendre en charge les besoins de santé des populations, tout en ayant la latitude nécessaire pour mettre en place les organisations les plus adaptées aux réalités du territoire ». Alors que des coopérations inédites ont émergé pendant la crise sanitaire, les sénateurs évoquent le sentiment préoccupant d’un « retour à la normale », alors que, pourtant, les représentants des différents secteurs veulent travailler en complémentarité.

Surtout, ils soulignent « les procédures rigides découlant des dispositions législatives et réglementaires associées au SPH, qui constituent des obstacles à une coexistence optimale des différents types d’établissements » : en clair, le Service Public Hospitalier tel qu’il est conçu aujourd’hui ne permet par le décloisonnement nécessaire entre structures, statuts, et modes d’exercice professionnel.

A Mulhouse, le candidat Emmanuel Macron a appelé tous les acteurs de santé « à participer à parts égales à la hausse de l’espérance de vie en bonne santé, sur un bassin de vie, quel que soit leur statut, public ou privé », dans une « approche transversale, cassant les silos ». C’est à l’évidence, dans le cadre d’un Service Public de Santé rénové en profondeur, le bon chemin à suivre.