Alors que les spéculations sur le nom du (ou de la) prochain(e) ministre de la Santé vont bon train, il est instructif de se pencher sur les attentes et les opinions des citoyens. Aujourd’hui même sort une étude de la DREES*, menée au cœur de la pandémie auprès de 4000 personnes, sur leur vision des politiques sociales et de santé : elle mérite qu’on s’y arrête.
Premier enseignement, la très forte adhésion des Françaises et des Français au système de protection sociale et de santé, encore renforcée par le contexte de crise sanitaire, avec une demande de protection accrue formulée par les personnes les plus vulnérables. Au fil des années et des enquêtes, les répondants sont de plus en plus nombreux à penser qu’il n’y a pas de raison de limiter les dépenses de santé (72%, contre 58% en 2013) et qu’il est normal, dans un pays développé, que l’on dépense de plus en plus pour la santé (77%, contre 55% en 2013). En revanche, 79% des Français estiment que le système pourrait, et devrait, être mieux géré.
Deuxième enseignement, si les trois-quarts des personnes interrogées se considèrent en bonne santé, la moitié se dit inquiète à l’idée de ne pas pouvoir être bien soignée dans le futur en cas de grave problème de santé. Plus largement, et pour la première fois depuis… 2004, plus de la moitié des enquêtés sont pessimistes quant à leur avenir, et plus de sept sur dix le sont pour leurs enfants, avec une majoration du « pessimisme jeune ».
Troisième enseignement enfin, le soutien aux structures de soins et aux professionnels de santé est plus marqué et la satisfaction à l’égard de la qualité des soins augmente, que ceux-ci soient prodigués dans un établissement public ou privé, ou par un professionnel médical ou paramédical. Les infirmiers sont particulièrement reconnus, et les délégations ou transferts de tâches plébiscités.
Les résultats de cette enquête dessinent en creux la nécessité d’une action ministérielle à venir, qui reconnaisse et valorise les acteurs de santé de tous statuts, avec des moyens à la hauteur des besoins, mais mieux employés ; et qui réponde aux inquiétudes croissantes des citoyens sur la pérennité de notre modèle social et de santé pour les générations futures, et à leur aspiration de « protection » dans un monde jugé instable voire hostile.
Cette feuille de route exigeante suppose une écoute attentive des uns comme des autres, dans un cadre renouvelé de « santé participative » qui réponde à une volonté partagée des acteurs de santé : être dans la contribution et dans l’action au service des patients, et avec eux.
Lamine Gharbi
* Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques / ministère de la santé et des solidarités