« A bout de souffle » : c’est ainsi que François Braun, nouveau ministre de la Santé et de la Prévention, a dépeint notre système de santé, lors de la passation de pouvoir avec Brigitte Bourguignon lundi. En quelques mots sans fioritures, il a exprimé l’urgence d’agir, au plus près des territoires, avec les soignants, les soignés, les élus, en tirant les leçons de la crise.
Avant sa nomination, il disait dans une récente interview : « Le crise sanitaire nous a enseigné que quand on se mettait à travailler ensemble, quand on faisait tomber les silos, on était capable de faire des choses extraordinaires ». Mais, nuançait-il, à la sortie de la crise, « on est malheureusement retombé dans les mêmes imbécilités qu’avant » !
Je me réjouis de cette franchise de ton, tant cette régression dans l’intelligence collective, que nous ne pouvons que déplorer, est trop souvent à l’œuvre aujourd’hui. Et cela « décourage », en effet, les bonnes volontés les plus ancrées, qui ont réalisé qu’on pouvait « travailler autrement », et qui constatent pourtant un retour des pesanteurs et des carcans. Cette lucidité de la part du ministre, sur les failles du système et les voies pour y remédier, est de bon augure.
François Braun sera accompagné dans sa mission par Agnès Firmin-Le Bodo, ancienne députée très engagée dans les enjeux de santé, et aujourd’hui ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé. L’intitulé de son ministère résume les deux grandes priorités de ce début de quinquennat : bâtir une organisation de la santé à partir des besoins des patients, auxquels tous les acteurs doivent s’efforcer de répondre de façon intelligente et coordonnée ; et renforcer tous les leviers d’attractivité des métiers de la santé, condition indispensable d’une réponse totalement adéquate aux besoins.
Ces ambitions sont indissociables d’un contexte économique et social plus général, marquées par des inquiétudes profondes des Français, particulièrement sur leur pouvoir d’achat. Cette inquiétude est aussi vive pour les établissements de santé, au regard de l’inflation qui les touche de plein fouet : elle frappe d’obsolescence le niveau des tarifs tel qu’il avait été défini en mars ; elle impacte les salaires, nécessitant des revalorisations qui doivent évidemment s’inscrire en parfaite symétrie au bénéfice des professionnels de santé du public comme du privé. Les besoins exceptionnels de financement des établissements de santé doivent être pleinement pris en compte.
Cet après-midi même, dans sa déclaration de politique générale devant les bancs de l’Assemblée Nationale, la Première ministre Elisabeth Borne a appelé aux solutions provenant du terrain, et évoqué l’importance des coopérations entre le secteur public et le secteur privé. J’y vois un message fort, alors que s’ouvriront en septembre des concertations qui doivent rimer avec action.
Un mot plus personnel, pour Brigitte Bourguignon dont les valeurs et les convictions continueront à l’évidence de nourrir ses futurs engagements ; et pour François Braun et Agnès Firmin-Le Bodo à qui je souhaite, au nom de toute l’hospitalisation privée, un plein succès dans leur exigeante mission, de « donner un nouveau souffle » au monde du soin.