Nous connaissons à présent mieux les contours de la future Conférence des parties prenantes, dédiée à l’accès aux soins, et destinée de septembre à décembre à faire converger l’Etat, les soignants, les soignés et les élus autour de solutions opérationnelles, mises en application début 2023.
Cette large concertation, que le ministre de la Santé souhaite « sans tabou », devrait être mue par quatre principes : la réponse aux besoins plutôt que l’adaptation à l’offre, les droits et les devoirs partagés des acteurs au service des populations, la déclinaison d’outils opérationnels sur les territoires, et la simplification des procédures.
Notre Fédération souscrit à l’esprit général de la démarche, dont les principes sont en phase avec les idées que l’hospitalisation privée porte depuis longtemps. En particulier, le principe « même soin, même patient, mêmes droits et responsabilités » semble bien ancré chez François Braun, qui a tenu récemment à rappeler qu’il est le ministre de tous les acteurs de santé, et pas des seuls hôpitaux publics. Nous serons évidemment associés cette dynamique et nous y contribuerons avec conviction, fidèles au positionnement constructif qui est l’un des marqueurs de notre profession.
Dans un contexte tendu pour la santé et l’accès aux soins dans notre pays, je tiens à redire que l’engagement et la coopération que le ministre appelle légitimement de ses vœux sont indissociables de la reconnaissance pleine et entière du rôle de tous les acteurs du système. Cette reconnaissance - assortie de preuves concrètes, au premier rang desquelles la symétrie dans la revalorisation des salaires entre privé et public - constitue même un préalable indispensable à la réussite de cette Conférence.
Un point de vigilance : aussi prometteuse soit-elle, la Conférence des parties prenantes n’a naturellement pas vocation à épuiser tous les sujets qui mobilisent aujourd’hui le monde de la santé. Sur un sujet aussi fondamental que les réformes du financement des établissements par exemple, et dont les récents développements nous préoccupent beaucoup, nous souhaitons trouver au ministère des interlocuteurs mobilisés et une écoute soutenue.
Enfin, pour réussir, la Conférence, doublée d’une plateforme de recueil de contributions citoyennes, doit s’affranchir des logiques descendantes, cloisonnées, corporatistes. Il semblerait que soit clairement privilégiée une approche de « santé participative », proche du terrain : acceptons-en l’augure, sous réserve de parvenir sans tarder à dégager des priorités de santé innovantes et ambitieuses, sur un socle de valeurs partagées.
Raymond Aron disait : « Il faut que les sociétés laissent les potentialités des individus s’exprimer ». Cette Conférence des parties prenantes est une opportunité pour entendre la voix des démocraties territoriales de santé, des soignants, des patients, des élus, et agir à partir de ces potentialités libérées.
Lamine Gharbi