Tensions énergétiques, tensions pour la santé
D’une crise à l’autre : la crainte du Covid partiellement dissipée, ce sont les tensions qui éclatent sur tous les fronts énergétiques qui drainent aujourd’hui de fortes inquiétudes. Les pays européens assistent impuissants à la flambée des prix du gaz et de l’électricité dans un contexte géopolitique qui ne cesse de se dégrader.
Les hôpitaux, les cliniques, déjà fragilisés par deux ans et demi de lutte contre une pandémie, se prennent de plein fouet une inflation galopante, qui par définition n’avait pu être anticipée dans les prévisions. L’augmentation des charges énergétiques dans les établissements, par trois, cinq voire dix, donne le vertige. Cette situation inquiétante a motivé une réaction conjointe de l’ensemble des Fédérations hospitalières, publique et privées, en faveur d’une compensation à la hauteur des enjeux. Nous souhaitons que les débats sur le PLFSS, actuellement en discussion à l’Assemblée Nationale, prennent la mesure de la situation.
A l’approche de l’hiver, beaucoup d’incertitudes subsistent aussi quant à la continuité de l’approvisionnement énergétique. Nous demandons que le secteur de la santé soit reconnu « secteur d’activité particulièrement nécessaire à la sécurité de la Nation et à la continuité de la vie économique et sociale » et puisse bénéficier d’un bouclier tarifaire. Alors que les modalités de délestage sont organisées par les préfectures en lien avec les ARS, les établissements de santé de tous statuts et toutes spécialités doivent être inscrits sur la liste des usagers prioritaires non délestables : il en va de la sécurité de prise en charge des patients.
Quant aux mouvements de grève dans les raffineries, ils impactent évidemment le monde de la santé, et les médecins, paramédicaux, ou services d’urgences et de secours qui peinent à assurer leurs missions, avec les risques de retards de soin que cela emporte pour les patients. Si cela perdure, des personnes fragiles à domicile devront être hospitalisées, dans un contexte tendu où les soignants eux-mêmes ont du mal à se rendre sur leur lieu de travail. Des mesures doivent être prises en urgence, pour garantir l’effectivité de l’accès prioritaire des acteurs de santé au carburant dans un premier temps, et surtout pour débloquer au plus vite la situation.
Enfin, ce monde incertain ravive aussi l’esprit de responsabilité. Depuis plusieurs années, les hôpitaux et cliniques privés à missions mettent en œuvre des actions de maîtrise de l’énergie sur les grands postes les plus consommateurs, et sensibilisent leurs parties prenantes. En cohérence avec notre Raison d’être, notre plan stratégique et notre charte d’engagement RSE, notre Fédération accompagne ses adhérents dans cette démarche de réduction de leur empreinte énergétique. Cette nécessité absolue pour l’avenir est aussi un levier d’attractivité pour les professionnels, de plus en plus désireux d’exercer dans des lieux socialement responsables.
Lamine Gharbi