Les dés sont jetés : après le Projet de
loi de finances, le fameux 49.3 sera aussi dégainé pour le Projet de loi de
financement de la sécurité sociale, faute de parvenir à dégager des équilibres
suffisants… au sens propre comme au sens figuré. Force est de constater que ce
rendez-vous qui devrait être majeur pour débattre des grandes priorités de
santé, peine à tenir ses promesses.
Les députés ont déploré en commission
l’irrecevabilité massive de leurs amendements, sans qu’on en comprenne toujours
bien le motif. Les propositions faites par les acteurs de santé, pourtant
constructives et faisant l’objet d’un certain consensus, ont ainsi été
retoquées. Vraiment dommage, alors que dans le même temps la volonté d’être
davantage à l’écoute du terrain est affichée.
Il convient malgré tout de préciser que - alors
même que la séance publique donne parfois lieu à quelques effets de manche -
les discussions en Commission ont été de qualité, et plutôt apaisées, comme l’a
souligné la Rapporteure Stéphanie Rist. Des enjeux majeurs, comme la prise en
compte de l’impact délétère de l’inflation sur les établissements de santé, ou
la pluriannualité indispensable des ressources pour donner une visibilité, ont
été débattus et défendus.
Las… Le PLFSS, année après année, demeure
inexorablement un outil comptable qui ne traduit pas la volonté du politique,
et non un levier porteur de priorités hiérarchisées et affichées, et de réelle vision pour notre avenir collectif
en santé. Cette année, le décalage avec la situation vécue au quotidien par les
acteurs de santé et leur fragilisation, dans un contexte économique dégradé,
est encore plus frappant, voire inquiétant. Nous sommes conscients des efforts
faits, mais tant que les problèmes structurels ne sont pas réglés, que des
réponses à la hauteur des enjeux ne sont pas apportées, il sera très compliqué
d’embarquer tout le monde dans des dynamiques vertueuses.
Deux temps forts se déroulent en ce
moment : le PLFSS et le Conseil National de la Refondation en santé. Nous
participons, nous proposons, comme toujours au sein de notre profession. Mais
les deux démarches semblent cheminer sur des rails parallèles, alors que le
PLFSS aurait dû porter dès maintenant des inflexions majeures, un souffle prospectif
- poser la pluriannualité, promouvoir l’innovation, rétablir la confiance sur
les réformes de financement… - qui auraient servi de socle à la réussite de
l’élan participatif du CNR et de son ancrage sur les territoires.
Lamine Gharbi