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Démocratie de santé, le défi du CNR

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EDITO Lamine Gharbi 02112022

Nous avons rendu publics la semaine dernière les résultats d’une enquête que la Fédération de l’Hospitalisation Privée a menée récemment auprès des 1030 établissements de santé privés. Le thème ? La démocratie sanitaire et la place des patients, alors que le monde de la santé célèbre cette année les 20 ans d’une loi fondatrice, la loi Kouchner sur les droits des malades.


De nombreux enseignements ressortent de cet état de la vitalité de la démocratie sanitaire chez nos adhérents, au premier rang desquels l’adhésion sans réserve de notre profession à l’importance de celle-ci, pour transformer le système vers davantage de qualité et de pertinence. Des concepts tels que l’expérience patient imprègnent davantage les pratiques, et la conscience d’un continuum entre le soin et les responsabilités sociales, sociétales et environnementales est de plus en plus vive. Nous sommes bien là, au cœur du service au public rempli par les hôpitaux et cliniques privés « à missions » !


Tout n’est pas si simple : les outils de mesure de la satisfaction des patients sont encore perfectibles (72% des établissements jugent par exemple le questionnaire e-Satis trop long et trop complexe, peu accessible) ; et un établissement sur deux rencontre des difficultés à trouver des représentants des usagers. Et c’est là bien tout le paradoxe, entre une aspiration légitime et croissante des citoyennes et citoyens à avoir leur mot à dire dans le système de santé, et leur méconnaissance écrasante des rouages même de la démocratie sanitaire : 19% seulement des Français ont entendu parler de cette notion* !


Il faut dire que l’on commet sur ce sujet la même erreur que pour les acteurs de santé : l’aborder essentiellement sous l’angle du statut et des structures, plutôt que de favoriser au cœur même de la société française la connaissance et la reconnaissance de cette réalité démocratique, et l’importance de son apport au monde du soin. C’est évidemment une démarche plus exigeante, mais c’est la seule qui vaille, et nous sommes bien placés à la FHP pour savoir combien le raisonnement par missions est plus fructueux que celui fondé sur les statuts.


Ce changement de paradigme est indispensable pour bâtir des démocraties territoriales de santé qui répondent aux besoins des populations, et qui soient à l’écoute de l’expression de ces besoins. Les enjeux de qualité, de sécurité, de pertinence, d’accessibilité, de continuité, trouveront leur meilleure concrétisation dans des logiques de responsabilités partagées par tous. Les citoyens-patients ne s’y trompent pas, eux qui ont plébiscité pendant la crise sanitaire les coopérations. Ils attendent à présent des acteurs de santé comme de la puissance publique de pérenniser « l’esprit Covid », avec une nuance de taille toutefois, autour de la prise en considération pleine et entière des acteurs de la démocratie sanitaire.


Ces messages doivent être entendus dans le cadre de la déclinaison territoriale du CNR Santé, pour faire enfin pièce à une vision cloisonnée et dogmatique de notre système, et rendre effective une démocratie en santé encore trop théorique aujourd’hui.


Lamine Gharbi


 


* Etude FHP-Viavoice – septembre 2002