La neuvième vague Covid est à présent bien installée dans notre pays, avec une augmentation rapide du taux d’incidence et une reprise des hospitalisations. Couplée à la grippe et à la bronchiolite, elle met encore une fois largement sous tension notre système de santé.
La couverture vaccinale des personnes de plus de 60 ans, des personnes fragiles, des femmes enceintes, est insuffisante aujourd’hui, alors que pourtant 96% des Français ont une offre de vaccination à moins de cinq kilomètres de chez eux ! De même, la campagne antigrippale est en recul par rapport à l’an dernier à la même époque.
Cette situation m’inspire plusieurs réflexions. D’abord, la FHP joint évidemment sa voix au concert d’appels à la vaccination contre le Covid et la grippe, pour que les citoyens se protègent… et pour préserver les acteurs de santé ! Mais ce désintérêt interroge, car il s’accompagne d’un net relâchement vis-à-vis des gestes barrières, et d’un port du masque quasi inexistant : il suffit pour s’en persuader de prendre les transports en commun…
Alors, irresponsables, les citoyens ? Non. Mais clairement, les appels solennels et les mobilisations conjoncturelles ne suffisent plus. Face à des réalités de santé avec lesquelles il va falloir composer sur le long terme, il est impératif de travailler à une pédagogie de santé publique ambitieuse. On n’a pas tiré les enseignements de la crise sanitaire, on n’a pas suffisamment activé les leviers de démocratie sanitaire indispensables pour comprendre le rapport à la santé des populations, et leur motivation à adopter tel ou tel comportement.
Cette éducation coconstruite avec les citoyens serait aussi le meilleur moyen de lutter contre la désinformation sur la vaccination, qui envahit à nouveau l’espace médiatique, y compris sur certaines chaines dites« grand public ».
Il y a urgence à agir, sauf à être condamné à éteindre, un peu moins bien à chaque fois, l’incendie. C’est d’ailleurs le sentiment dominant éprouvé par les acteurs de santé, celui d’aller de crise en crise sans que de véritables changements structurels ne surviennent. « Le cocktail est explosif », a dit récemment le président de la FHF Arnaud Robinet en évoquant la situation épidémiologique, déplorant que « notre système de santé soit géré par des mesures d’urgence ». Je partage tout à fait ce sentiment, vécu comme tels par les établissements de santé partout en France.
Il y a une certaine ironie à voir que certains s’appesantissent à des fins politiciennes sur la réintégration des personnels non vaccinés, alors qu’il reste tant à faire pour activer les vrais leviers d’attractivité des établissements de santé de tous statuts, et pour leur donner les moyens de remplir au mieux leurs missions au service des patients, grâce à des réformes enfin systémiques.
Lamine Gharbi