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Une fois de plus, les hôpitaux privés pleinement mobilisés

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EDITO Lamine Gharbi 14122022 1

« Plans blancs », déprogrammations… En ces vacances de Noël, la triple épidémie de Covid, grippe et bronchiolite met une fois de plus notre système de santé de tension, avec un peu moins de résilience à chaque fois. Une fois de plus, les Français constatent les ressources immenses de compétence et d’engagement des professionnels de santé, sans forcément mesurer qu’à bas-bruit, l’épuisement gagne et en fait capituler certains. Une fois de plus, on peut regretter que des pédagogies de santé publique de long terme n’aient pas été déployées afin de maintenir intacte la vigilance citoyenne - vaccination, masque, gestes barrières.

 

Une fois de plus, la puissance publique sollicite la mobilisation des hôpitaux et cliniques privés à missions, et nous répondons présent, sans réserve. Je l’ai dit hier au ministre : nous sommes pleinement au rendez-vous des coopérations et de la complémentarité avec l’hôpital public et les médecins libéraux, au service des patients. Et une fois de plus, nous ferons abstraction du fait qu’aux yeux de nos tutelles, nous sommes « service public » quand elles ont besoin de nous, alors que le reste du temps, les vieux réflexes d’exclusion se réactivent facilement...

 

Il serait pourtant bien plus simple et efficace de poser des règles claires et pérennes, d’inclusion inconditionnelle de tous. Le Conseil National de la Refondation en santé en portera-t-il l’ambition ? Sommes-nous capables en France de déclencher des dynamiques fortes et transversales autour d’ambitions en santé, qui fasse fi des statuts et des postures ? La semaine dernière s’est tenu un intéressant colloque parlementaire « de mobilisation » sur la prévention. C’est un défi considérable que d’avoir un système qui prévient autant qu’il soigne : un défi de santé, mais social et sociétal, si l’on considère que treize années d’espérance de vie séparent les plus aisés des plus défavorisés, et que moins d’un Français sur deux arrive à 75 ans en bonne santé, contre 77% des Suédois.

 

Or on ne relèvera ce défi que par des approches systémiques et des actions positives, qui infusent l’intégralité de nos écosystèmes de vie : l’école, le lieu de travail, notre environnement quotidien. Et les établissements de santé, qui reçoivent des millions de patients et leurs proches, sont d’importants vecteurs pour faire vivre la prévention primaire !

 

La prévention est emblématique de tout ce dont notre système de santé a besoin : des données épidémiologiques robustes et partagées ; une vision pluriannuelle sans laquelle il n’y a pas de santé publique ; une appréciation fine des besoins des populations en fonction de leurs déterminants psychosociaux et environnementaux ; une vision interministérielle dans une approche « One health » ; et la mise en place d’un véritable service public fondé sur les missions.

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que notre pays ne coche pas toutes les cases… Des inflexions majeures s’imposent donc, qui passent aussi par une reconnaissance constante de l’action de tous les acteurs, et pas seulement lorsque la pression monte.

 

Lamine Gharbi